L’Express de Madagascar publiait en juillet 2012 que la conservation des vaccins était menacée sur l’ile. En effet les Centres de Santé de Base II, éloignés, manquent de pétrole pour la production d’électricité qui alimente les réfrigérateurs où sont conservés les vaccins. Faute de pétrole, les vaccins font le va-et-vient entre la ville où il y a de l’électricité et la brousse. Cela entraine des problèmes de chaine du froid pour le transport entre ville et brousse, et la couverture vaccinale diminue.
D’aucun seront tentés de proposer l’installation de panneaux solaires pour alimenter les réfrigérateurs. Bien entendu cela entraine d’autres problèmes à résoudre puisqu’il faut un système de stockage de l’énergie pour les nuits, des financements par l’état (on en doute !), par des ONG (qu’il faut mobiliser !), etc. Cela semble difficile et couteux.
C’est un petit animal (pan-arthropode), appelé aussi ourson d’eau, qui ne fait pas plus d’un millimètre et demi de long et qui vit un peu partout sur la planète en particulier dans les mousses et les lichens, qui constituent ses aliments de prédilection. On en retrouve du haut de l’Himalaya (à plus de 6 000 m d’altitude) jusque dans les eaux profondes (par 4 000 m de profondeur) et des régions polaires à l’équateur.
Il est capable de survivre à des conditions et traitements extrêmes comme l’explique l’image ci-dessous.
Mais comment le tardigrade résiste t’il à de telles conditions extrêmes ? Comment ses organes, ses tissus biologiques, ses molécules ne sont-ils pas détériorés sous l’action de la chaleur, du froid ou des radiations ?
Et bien le tardigrade est capable de résister à de telles conditions extrêmes quand il se met dans un état d’anhydrobiose (un état de vie privé d’eau). Ce mécanisme biochimique lui permet de protéger ses tissus lors de conditions extérieures extrêmes comme des sécheresses intenses ou des températures brulantes. Ce mécanisme consiste à remplacer les molécules d’eau de son corps, de ses organes, de ses cellules par des molécules de sucre, le tréhalose.
Cette stratégie (ou fonction), développée par le tardigrade a été imitée par l’entreprise Biomatrica pour le développement d’enveloppe de protection et de conservation à température ambiante de molécules d’intérêt médical (vaccins, insuline, médicaments,…). Avec cette technique de placements des molécules dans une matrice de sucre, fini les réfrigérateurs généralement utilisés pour la conservation des molécules biologiques, et donc plus besoin d’électricité, de pétrole et plus d’émission de CO2. Plus besoin non plus de maintenance des réfrigérateurs. Les vaccins et médicaments sont simplement entreposés dans des placards, même s’il fait 30°C dans la pièce. Ce qui devrait solutionner le problème de couverture vaccinale dans les pays défavorisés discover here. Cela pourrait également diminuer la consommation d’électricité et les coûts liés dans tous les hôpitaux même occidentaux.
Mais comment, face à ce problème de conservation de vaccin à température ambiante, les équipes de recherche et développement de Biomatrica ont-elles pu aller chercher ce pan-arthropode et ainsi innover de manière radicale par rapport aux méthodes existantes et obtenir un avantage concurrentiel important ?
Le hasard heureux (ou sérendipité) ?
Comment en général, trouver les sources d’inspiration dans le vivant qui solutionnent un problème de départ sans faire appel à la chance ? Comment trouver l’espèce qui sera utile ? Car il existe surement plus d’une centaine de millions d’espèces sur terre ! Comment trouver la bonne ? Y en a t’il plusieurs ? Quelle méthode de recherche de ces espèces ?
C’est ce que nous verrons dans le prochain article…