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Naturellement génial !

Monoculture: Ma réponse à un commentaire posté

Monoculture: Ma réponse à un commentaire posté

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Je reproduis et complète ici ma réponse au premier commentaire posté en bas de l’article “L’agriculture naturelle existe- t-elle ?” sur le site de l’Agriculture Nouvelle.

Je ne reproduis pas ici l’article en question ni le commentaire, vous pouvez les retrouver ici.

Vous posez une question pertinente: Où commence l’intervention de l’homme considérée comme acte contre nature ?

D’abord je voudrais lever quelques confusions faites et qui ouvrent la voie à des raisonnements trop manichéens. Je vous cite « Vivre c’est lutter. Pour l’homme, c’est combattre sans cesse son milieu hostile (le récent typhon qui vient de frapper les Philippines en est le malheureux exemple)». Il aurait été plus juste de dire « vivre c’est s’adapter ».

Une confusion: La nature et le vivant.

La nature est composée du milieu naturel + le vivant qui l’a colonisée (Il y a le milieu naturel sur Mars mais pas ou plus de vivant). Sur Terre le vivant s’est développé, et se développe toujours, sous les conditions changeantes du milieu, parfois de manières brutales et parfois de manières douces, et en conséquence celui-ci doit perpétuellement évoluer et s’adapter à ces nouvelles conditions (le vivant modifie également fortement son milieu naturel). Il n’y a pas d’hostilité, qui suppose une volonté extérieure de nuire, juste un monde qui change (parfois violemment, je le répète: exemple des typhons). Cela n’est ni bien ni mal, ce sont les conditions du système qui a accueilli la vie.
Ce que l’on observe, c’est que la vie modifie son milieu pour le rendre plus propice à la vie. C’est un cercle vertueux que le vivant perpétue. Et c’est la que se tient la réponse à votre question de départ. Mes actions sont-elles propices à la vie sur le long terme ? Ou bien mes actions sont-elles perturbatrices des cycles du vivant, du fonctionnement équilibré des écosystèmes ?
Il est utile de se poser ces questions !
Je comprend que vous puissiez vous poser aussi d’autres questions comme: Pourquoi mes rendements baissent alors que la vie engendre automatiquement plus de vie ? Sous ces conditions mes rendements devraient augmenter au fil du temps. Il faut alors se demander: Quelles perturbations ai-je causées qui inversent le processus ? Pour cela il faut observer et comprendre comment le vivant fonctionne (puisque c’est lui que l’on veut orienter pour nos besoins). C’est lui qui « sait » comment ça marche ! Que fais-je qui ne soit pas présent dans la nature ?

La réponse: La monoculture de plantes annuelles et le labourage !

Les plantes annuelles nécessites de ressemer chaque année et donc de labourer.
Les bactéries (vivant en milieu anaérobie*) qui décomposent les végétaux et enrichissent la terre sont détruites par l’oxygène qui est introduit par le labourage. L’activité enrichissante de ces bactéries est interrompu. On pallie alors par l’apport d’engrais qui engendre également des pollutions.
La monoculture épuise les sols, même avec l’alternance d’autres monocultures ou des périodes de jachères, les nutriments (comme l’azote) contenus dans la terre diminuent. La monoculture affaiblit la résistance des cultures. En revanche la diversité des plantes sur un terrain freine la propagation des maladies. La monoculture, elle,  favorise les épidémies. En conséquence les rendements baissent. Pour palier à cela, on pulvérise engrais et pesticides. Mais les divers « ravageurs » s’adaptent. Alors on développe de nouvelles molécules encore plus destructrices. Et les ravageurs s’adaptent à nouveau et résistent aux nouveaux pesticides. On invente alors les OGMs. Et on constate actuellement que les nuisibles s’y adaptent aussi. Et maintenant, on attend la nouvelle arme destructrice issue des laboratoires industriels qui… Mais où cette course va t’elle nous conduire ?
Le meilleur moyen de sortir de cette avalanche pernicieuse est de sélectionner des plantes vivaces (pérennes) pouvant être consommées et cultivées en polyculture en s’inspirant des prairies. Cette prairie comestible serait non seulement une nouveauté, mais surtout exactement le contraire de ce que nous connaissons actuellement. Les plantes passeraient l’hiver en place, finis donc les labourages et semailles annuels ainsi que l’érosion des sols (ces plantes font des racines l’hiver). Fini aussi l’apport d’amendement artificiel car des plantes fixant l’azote seraient associées (coopération entre plantes). Plus besoin non plus de pulvériser des pesticides car le mélange de nombreuses espèces différentes ralentit la progression des ravageurs.

Ici est résumé sous forme d’un schéma l’enchainement des conséquences de la monoculture de plantes annuelles.

Monoculture
Bref, la polyculture de plantes vivaces (graminées et légumineuses par exemple) recrée des cycles vertueux.
Pour la vigne par exemple, du trèfle (légumineuse qui fournit de l’azote) semé entre les rangs est un début. Cette technique est déjà pratiquée et donne de bon résultats.

Si vous doutez de cela, sachez que l’INRA lance un programme de recherche sur la permaculture (technique d’agriculture inspirée de la nature) et qui a pour but objectif de comparer les rendements obtenus avec ceux de l’agriculture traditionnelle. Gageons que cette étude permettra de clore les polémiques futures.

*On appelle milieu anaérobie un milieu où il n’y a pas présence de dioxygène (O2).

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This entry was posted on 15 novembre 2013 by in Biomimétisme and tagged , , .